Une sale affaire (2024) : rencontre avec Virginie Linhart, autrice et documentariste, et Lamiel Barret-Kriegel, avocate.
Biblothèque Humanités, mardi 25 mars 2025, 17h. La rencontre modérée par Stéphane Chaudier, professeur de littérature contempraine à l'Universté de Lille.
Cette rencontre a lieu dans le cadre du
Printemps des sciences humaines et sociales, organisé par la
MESHS.
«À qui appartient l’histoire?», demande le bandeau rouge qui recouvre Une sale affaire. Qui a le droit de raconter ce qui fut vécu? Qui est autorisé à témoigner, à dire je, à s’avancer sur la scène publique pour énoncer sa part de vérité: voici ce qui (m’)est arrivé?
Le sensible, le dicible, sont choses partagées, partageables. En droit. Mais en fait? L’expression règlement de comptes n’a pas bonne presse ; elle connote l’impudeur, l’acrimonie revancharde. Mais Virginie Linhart, défendue par son avocate, propose de changer notre regard sur ce point : pas d’émancipation, et surtout pas d’émancipation au féminin, sans cette aptitude « comptable » et existentielle à rendre compte, rendre des comptes, faire le bilan, exercer un droit d’inventaire sur sa propre vie.
Les faits? Une mère, «redoutable guerrière devant l’Eternel», fait un procès à sa fille pour l’empêcher de publier le récit de leur relation, L’Effet maternel (2020) ; cette relation traverse plus d’un demi siècle, de la Shoah à mai 68, des années MLF à aujourd’hui. Le récit, exemplaire, montre combien la vie dite privée, y compris celle des femmes, est traversée de part en part par l’histoire, tissée par ses contradictions et ses renversements imprévisibles.
Dialogue entravé entre deux femmes et deux générations, dialogue entre deux « sœurs », la littéraire et la juriste, dialogue entre des textes et leur époque : c’est cette épaisseur de dialogues superposés que l’entretien s’efforcera de traverser.