La bibliothèque Humanités accueille une exposition concue par 6 étudiantes en licence 2 Humanités dans le cadre d'une UE10.
Résonance Jazz
Les travaux artistiques de Giulia Mattorre, étudiante dans le même cursus, sont mis en résonance avec la musique de jazz en écho à l'oeuvre du peintre Matisse.
Exposition du 25 avril au 9 mai 2019
BHUMA, salle de lecture.
Conception de l'exposition :
Zélie DAGUENET
Marion LEMAITRE
Cécile MARTIN
Juliette PERRET
Emma RUCH
Maude VINCENT
Présentation :
Quand on pense à Henri Matisse, ce sont bien souvent des couleurs, des formes spécifiques qui nous viennent en tête. Commencé en 1943, mais publié pendant l’année 1947, l’album Jazz est un composé de lithographies et de textes rédigés par l’artiste. Dans cet ouvrage devenu un témoignage essentiel pour comprendre son œuvre, Matisse invente une nouvelle façon de peindre. Suite à une grave opération subie en 1941, il est alité. Bien décidé à continuer de peindre, il décide alors d’employer une technique nouvelle : celle de papiers découpés et peints à la gouache puis collés et assemblés. Plus que le résultat de simples collages, le projet Jazz donne à la couleur un nouvel aspect : elle n’apporte plus seulement une perception visuelle, mais devient une vraie technique où elle est à la fois forme, surface, mais aussi mouvement. Mélange de couleurs chaudes et froides, les lithographies offrent un spectacle unique et résonnent ensemble afin de créer une harmonie visuelle et globale. Les papiers découpés occupent l’espace tout entier et donnent ainsi une impression de mouvement.
Le peintre réfléchit donc tout au long de la réalisation de son ouvrage et déclara en 1947 que « Le livre Jazz est à considérer lui aussi comme un espace d’improvisation par les ajouts successifs de planches, le recueil du fruit d’un travail réflexif effectué sur de nombreuses années. » C’est cet espace d’improvisation qui donnera l’idée au peintre d’appeler son livre « Jazz ».
Basé sur la spontanéité et l’improvisation, ce genre musical fait évidemment écho à ce qu’a voulu représenter Matisse. Vif, direct mais aussi complexe sont autant de mots qui pourraient qualifier le projet du peintre nordiste. Il marqua ainsi l’histoire de la peinture influençant de nombreux artistes professionnels ou non.
Devenu intemporel, le grand rival de Picasso continue d’inspirer au fil du temps. C’est aujourd’hui la vision de Jazz par Giulia Mattorre que nous vous proposons de découvrir.
Comme la majorité d’Européens au sortir de la guerre, Matisse est influencé par le jazz. C’est grâce à l’aide américaine à la fin de la Première Guerre mondiale que ce style tout nouveau fait son apparition sur le continent européen. Mélange de blues et de musique africaine, le jazz apparaît comme un genre euphorique raisonnant avec l’envie d’alors : celle de jouir de l’instant présent. Sydney Bechet et Louis Armstrong vont d’ailleurs être à l’origine du rayonnement international de ce style musical. Ce genre qui décide à l’origine de ne pas suivre de partition inspira bien des artistes dans de nombreux domaines. Jackson Pollock est peut-être le plus connu des peintres ayant été influencé par le bebop, mais il ne faut cependant pas oublier Matisse. Alors que l’on savait déjà la musique très importante pour lui (il peint son fils Pierre jouant du violon en 1918), le jazz va se révéler être un moteur pour ses créations artistiques : Billie Holiday, Django Reinhardt ou Duke Ellington l’accompagnent dans son atelier et influent ainsi sur sa façon de peindre.
Le but de l’exposition mise en place est de montrer que la peinture ne doit pas être une contrainte. En effet, pour Giulia, peindre est une passion à laquelle elle aime s’adonner librement sans nécessairement respecter de règles. Grâce à son imagination, elle crée, mais ne revient pas sur ses traits, car elle ne veut pas avoir à modifier son travail. Sa méthode de travail naît donc de l’improvisation et de la spontanéité au même titre que la musique de jazz. Ce que cherche Giulia est le fait de laisser davantage la peinture parler d’elle-même plutôt que de lui donner une signification précise. Le spectateur se laisse alors happer par son univers coloré et aperçoit dans ses œuvres ce qu’il a envie d’y voir. C’est en cela que l’influence de Matisse et plus particulièrement l’influence de son livre « Jazz » se fait sentir. Matisse, comme Giulia, laisse parler les formes, les couleurs afin de créer un univers joyeux où chacun voit ce qu’il a envie d’y voir. Au-delà de l’influence de Matisse, la musique de jazz est aussi une inspiration pour la peintre. La mélodie de jazz la guide vers sa recherche d’authenticité et libère son geste artistique, qui évolue librement sur la toile.