Quand on étudie les auteurs grecs et latins, le recours à des éditions commentées est toujours précieux: il y a même des collections et des formes de commentaires dont on ne se passerait pour rien au monde, tandis que, en France même, de nouvelles formes voient le jour (plus exactement, une manière française de commenter voit sa forme consacrée par une édition). La question que je pose regarde plutôt les commentaires ‘anciens’, des plus aux moins antiques, le moins antique dont je prendrai ici l’exemple étant celui du savant jésuite Juan Luis de la Cerda, (début du XVIIème s.), qui se trouve au cœur du versant ‘Textes’ du projet TALIE (
http://bsa.biblio.univ-lille3.fr/blog/2015/09/talie/). L’importance des commentaires pour les textes antiques a été remarquablement (re)valorisée et soulignée dans les dernières décennies : le dialogue que des poètes comme Virgile et Ovide nourrissent avec la tradition de l’exégèse homérique a été et est en particulier documenté de manière passionnante par Jean-Christophe Jolivet. Ses travaux montrent d’ailleurs que même si l’on ne voulait pas lire les commentaires, on le ferait néanmoins, parce que ces poètes les incorporent à leurs textes, et qu’ils en proposent eux-mêmes, comme ils proposent des problèmes qui appelleront, à leur tour, leur lot de réflexions savantes. Les commentaires dont je m’occupe essentiellement sont ceux de l’œuvre de Virgile, en particulier de l’
Enéide : ils portent les noms de Servius, de Tiberius Claudius Donat et du déjà cité J.L. de la Cerda. Je présenterai chacun en montrant ce qu’il apporte non seulement à l’étude de Virgile mais aussi, indépendamment de celle-ci, en soi ou de manière plus générale, et en essayant ainsi de faire mesurer l’importance de l’étude et de la transmission de telles œuvres.
S. Tarantino